Dimanche 22 avril prochain, nous irons voter pour le 1er tour de l'élection Présidentielle.
Nous aurons le choix entre :
- Nathalie Arthaud (42 ans, Lutte Ouvrière)
- François Bayrou (60 ans, Mouvement Démocrate ou Modem)
- Nicolas Dupont-Aignan (51 ans, Debout la République = Droite Républicaine, souverainiste, gaulliste)
- François Hollande (57 ans, Parti Socialiste)
- Eva Joly (68 ans, Europe Ecologie - les Verts)
- Marine Le Pen (43 ans, Front National)
- Jean-Luc Mélenchon (60 ans, Parti de Gauche)
- Philippe Poutou (45 ans, Nouveau Parti Anticapitaliste)
- Nicolas Sarkozy (57 ans, UMP)
- Dominique de Villepin (58 ans, République Solidaire)
- Corine Lepage (60 ans, Cap 21)
Alors ? Vous avez un avis (éclairé) ?
Je me lance.
1. Nathalie Arthaud
Elle se revendique clairement du communisme révolutionnaire et les 3 plus grandes lignes de son programme sont non seulement caricaturales, mais surtout totalement absurdes.
Je cite :
a) pour résorber le chômage, interdiction des lioenciements et maintien intégral du salaire, et embauche par l'Etat des travailleurs, dans les services publics utiles existants et dans ceux à créer dans des domaines vitaux où le capital privé est défaillant, comme la construction de logements à prix coûtant à la portée d'un salaire d'ouvrier.
b) augmentation générale des salaires pour rattraper le pouvoir d'achat perdu au fil des ans, et garantie de ce pouvoir d'achat par l'échelle mobile des salaires, des retraites et des pensions.
c) afin de montrer que la bourgeoisie a les moyens de financer tout cela sans même se retrouver sur la paile, imposer le contrôle des travailleurs et de la population sur les entreprises. Pour commencer, afin de dévoiler, les gaspillages capitalistes et les mauvais coups du patronat, abolition du secret des affaires et droit de regard de tous sur la gestion des entreprises et des banques.
Décortiquons un peu ce que l'on pourrait nommer le programme Scream :
Le travail ? C'est facile : on prend le total disponible et on divise par 27, 4 millions (= la Population Active en France) : c'est ce qu'on appelle la répartition du travail entre tous. Le chômage c'est fini ! Heu....et si il n'y a plus de travail à répartir ?...
Les licenciements ? Interdiction. C'est génial, merci Nathalie. Grâce à vous, les salariés du privé (moi par exemple)
pourront enfin connaître et savourer la vie d'un fonctionnaire.
Les salaires ? Tous augmentés. Youpi. L'indexation automatique. C'est formidable.
J'imagine qu'on part tous à la retraite à 60 ans.
Et puis on détruit le monde de l'entreprise, le démon capitaliste.
la nouvelle URSS est en marche.
Qui va payer ? l'Etat bien entendu, qui, pour mémoire, est en faillite.
2. François Bayrou
Son programme a du sens avec 4 défis à relever :
a) Contre le surendettement, tout pour l'emploi : 23 propositions pour redresser nos finances publiques et reconquérir notre production. Parmi les plus signicatives :
- le redressement de la France passe par la recherche de 100 milliards d'euros : plan d'économies de 50 milliards d'euros (Etat 20, Organismes de Sécurité sociale 20, Collectivités territoriales 10) et 50 milliards d'euros de recettes en plus. Avec notamment un coup de rabot sur les niches fiscales (FB chiffre à 20 milliards sur 3 ans la fin de l'exonération des revenus issus des heures supplémentaires).
- les salariés doivent rentrer dans les Conseils d'administration des entreprises, c'est-à-dire participer à la stratégie et à la décision. La fameuse culture de la cogestion. Pourquoi pas.
- créer une banque d'économie mixte décentralisée de soutien aux PME. Dans laquelle seront associées les collectivités territoriales. C'est effectivement une mesure efficace à mettre en place. Je la partage.
- introduire la règle d'or dans la Constitution = interdire les déficits de fonctionnement en période de croissance. FB soutien ainsi le traité européen qui exige cette règle de tous les pays de la zone euro.
b) Instruire, former, éduquer : 28 orientations pour que la France devienne en 5 ans une des 1ères nations du monde pour la qualité, la réputation et l'efficacité de son système éducatif.
- les élèves doivent maîtriser ce qu'ils ne maîtrisent pas : les codes de comportement, d'habillement et de langage.
- le nombre d'élèves par classe doit être pensé en fonction de la réalité de la classe : classe difficile = petit nombre, classe de bon niveau = grand nombre.
- développer l'e-learning (l'éducation numérique)
- mettre fin aux surcharges administratives (les avalanches de circulaires de toute nature).
- un emploi du temps des élèves de 30h maximum.
- ouvrir des écoles du soir.
- un baccalauréat d'excellence littéraire et scientifique : on doit pouvoir faire les deux en même temps et non pas choisir l'un plutôt que l'autre. Pas mal cette proposition.
- une autonomie nouvelle pour les chefs d'établissements : par exemple celle de pouvoir recruter en direct des remplaçants, etc. Quand on pense que cela n'existe toujours pas encore dans notre pays....
c) Un nouveau contrat social : 24 propositions avec principalement lutter contre la précarité (qui est contre ?), instaurer des préfets chargés du logement, créer un bouclier santé en le finançant par l'argent consacré à l'aide complémentaire santé, instaurer un régime de retraite par points (pas mal du tout) transparent (chacun sait où il en est à tout moment) qui prendrait en compte la pénibilité, la difficulté, etc. et donc plus juste. Enfin instaurer un contrat de travail unique, à durée indéterminée, qui pourrait être interrompu avec des indemnités fixées à l'avance, et suffisamment généreuses pour apporter à tous les salariés une garantie progressive, au moins égale à ce qu'accordent les Prudhhommes en cas de rupture abusive du contrat de travail.
d) Un nouveau contrat démocratique avec 20 propositions, qui se traduiront dès le 10 juin par un référendum consacré à la moralisation de la vie publique. Ce serait la fin des médias "dépendants" avec notamment la fin de la procédure scandaleuse qui fait de la nomination des présidents de l'audiovisuel public l'apanage personnel du chef de l'Etat. Au programme également la présence effective des parlementaires en séance, 100% des votes seront publics, un gouvernement de moins de 20 ministres, une réduction du nombre de députés (400 au lieu de 577 aujourd'hui), la réforme des collectivités territoriales, une justice indépendante, la fin du cumul des mandats et la parité obligatoire (la France est classée 61ème parmi les pays du monde pour la place de la femme dans la vie publique). J'adore tous ces thèmes. La France en a rudement besoin.
Bref Bayrou n'est pas un neuneu comme les médias aiment à le dépeindre.
Allez consulter son site de campagne, cela vaut la peine de lire ses 85 propositions avant de se faire un avis.
3. Nicolas Dupont-Aignan
37 propositions pour une France libre.
Consulter les Français sur les sujets majeurs, le vote blanc reconnu et le vote obligatoire pour tous, sortir la France du commandement intégré de l'OTAN, objectif de maintenir un budget de la Défense à 2% du PIB, sortir de l'euro, diminuer de moitié l'impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis sur le sol français, développement d'un pôle bancaire de service public plus important autour de la banque postale, une taxe d'au moins 1% sur toutes les transactions financières, investir massivement dans l'innovation et la recherche (3% du PIB), exploiter notre potentiel maritime (relance de la construction navale, valorisation des fonds marins), restauration des aides directes aux agriculteurs et encadrement des importations, nationalisation de EDF/GDF, suppression progressive des péages, obligation pour chaque médecin d'exercer 2 ans de sa carrière dans une zone où l'on manque de professionnels de la santé, suppression des conseils régionaux mais maintien de la commune et des départements.
Tout cela ressemble un peu trop à mon goût à la Foire-fouille, un vaste bric-à-brac, mais on ne sait pas au juste combien çà va coûter et combien çà va rapporter.
Attention aux additions et soustractions quand on manie des milliards d'euros.
et puis sortir de l'euro..., ce serait une catastrophe pour le pouvoir d'achat des Français. De mon point de vue.
A suivre.